lundi 17 décembre 2012

Quand des notes naissent du bois de mains non musiciennes, quand un arbre vibre avec des musiciens et des plasticiens, ce n’est pas la fin du monde mais Pastel qui propose une rencontre atypique avec José Lepiez et ses Arbrassons par Dominique Regef.
À quelques jours de l’hiver, Emile Maux est d’humeur celto-parasolaire et les chroniqueurs nous font voyager d’Andalousie à la Provence, en passant par Paimpol…

José Lepiez et les Arbrassons - entre terre et ciel

propos recueillis par Dominique Regef


Maclura et Lune de cèdre
Ces instruments – sculptures, "découverts" par José Lepiez en 1997, étonnent tous ceux qui les ont vus et écoutés de près. "Instruments à caresses", ils produisent des sonorités profondes et aériennes, qui échappent à toute classification, et nous emmènent dans un monde musical au plus proche de la nature, donc de l'humain. C'est aussi l'histoire d'une aventure passionnante, contée par José Lepiez et sa compagne et complice Patricia Châtelain.

Le bulletin d'humeur



« Je sème à tout vent ».

Contrairement à une opinion fort répandue, cette devise, emblématique du « Petit Larousse Illustré », n’est pas due au grand séducteur Giacomo Casanova, violoniste, écrivain, magicien, espion, diplomate, bibliothécaire « Vénitien » (1725-1798),
mais à Émile Reiber, architecte et décorateur français (1826-1893).
(Et dire que personne ne s’en doutait… sacré Émile !)


N’avez-vous jamais rêvé de vacances et de ciel bleu, d’un paradis où votre parasol trônerait solitaire sur une immense plage de sable fin, un fond de bruit de vagues berçant une douce somnolence… Puis un quidam se pointe avec armes et bagages et plante son parasol, certes loin de vous, mais il en vient un autre qui plante le sien, plus tard un autre fait de même et d’autres, d’autres encore… une armada de parasols qui s’approchent, s’approchent et transforment votre Éden solitaire en citée HLM des années 60. La jonction de leurs corolles pourrait être une limite naturelle, décente… Que nenni ! Les intrus n’hésitent pas à incliner leurs parasols, à chevaucher le vôtre, et, au besoin, à déplacer votre serviette de bain !
Un cauchemar fait de promiscuité et de bruits, un monde primitif… the wild beach of umbrellas lawless !
D’où le « Paradoxe du Parasol » : « Indépendamment du lieu et du contexte, il reste toujours assez de place sur une plage pour y planter un parasol. » 
Quel rapport avec la musique ou la danse… ?

Las simples cosas - chronique CD

Ce CD n'est pas pour moi une découverte, mais une confirmation. L'entretien que j'avais eu avec Guillaume Lopez 1  m'avait déjà révélé un jeune artiste d'une grande maturité, autant musicalement qu'humainement, si tant est que ces deux qualités soient dissociables. Puis j'ai assisté au concert donné  le 26 septembre au Mandala à Toulouse à l'occasion de la sortie de cet album, et il m'a paru de toute évidence et de toute nécessité d'en dire quelques mots. Car pour moi la véritable découverte s'est faite ce soir-là, je veux parler de Guillaume en tant que chanteur, littéralement visité par le duende, remontant à la source vive de ses origines hispaniques, à travers une histoire familiale commune à tant de réfugiés de la guerre civile, et insufflant une énergie et une émotion nouvelles à ces chansons apprises de son grand-père José Lopez, dont on entend la voix à la mi-parcours de ce CD, comme un hommage à la mémoire de ces innombrables personnes anonymes, à l'humanité transcendée par les épreuves du combat et de l'exil.

Chants en francoprovençal de Rhône-Alpes - chronique livret + 2 CD

Il y a dans cet ensemble d’un livret de 64 pages et de deux CD la possibilité d’un triple plaisir…
En premier, un plaisir de langue et pardonnez-moi si je l’évoque d’abord mais il fut d’abord le mien et, avant même d’écouter les deux CD, il me vint à la lecture de textes entièrement transcrits et entièrement traduits en français. On y découvre donc le « francoprovençal de Rhône-Alpes », celui qui est parlé le plus au nord de son aire… Mais le plaisir de la langue ne tient pas pour moi à cerner ce qui serait un particularisme mais plutôt de passer, d’une chanson à l’autre et donc d’un texte à l’autre, d’un particularisme à l’autre. On peut ainsi prendre un plaisir d’excursionniste explorant une région pour y apprécier la diversité des pentes de coteaux, des couleurs de talus. Ne serait-ce pas là le plaisir de parcourir un atlas ? Un atlas qui ne procurerait pas que de la connaissance, comme l’utilisation scolaire le laisse parfois entendre, mais aussi un réel plaisir. Plaisir qui peut aller jusqu’à l’herborisation buissonnière et la découverte de véritables spécimens, ces mots d’une ruralité active avec laquelle de moins en moins d’entre nous sont en contact : trékéla est ici le maïs, ponchon le tonneau, barotta la brouette, chioura la chèvre, bracon l’attelage…