vendredi 22 mars 2013

C'est le printemps et Pastel bourgeonne de mots dans Lo Saüc et de sons dans la chronique de Transport Tisner SA par Alem Alquier.
Retrouvez aussi le compte-rendu de Palancas, spectacle de musique, danse et poésie qui navigue entre Toulouse l'occitane et Séville l'Andalouse qui exprimera le contraire.

Lo Saüc - chronique bilingue

par Philippe Sahuc


Sol résol ?
Coneishem lo son, solide !... Ara, Pastel fa lo barrutlaire lo long dels rius d'intermalhum. Non se va pas far pescar per tròp de pesca-linhas benlèu…
Va far coma que fa riusset en un violon… e mai que fa riu en lòc meteis… fa riu o farina si vos estimatz milhor figurar mans de femna… Coneishetz aquel son !
Ieo sabi, ieo que, cada setmana, balhi als flums d'intermalhum una adobadura d'imatges e de lengas per votzes… Sovent que me disi qu'un mieu cavalga-flum es perdut abans d'essèr begut per una gargamèla assedada o al mens, una garda-bela e tasta-novetat…
Un còp, ai trapat tot un pòble prèst per chinchar. Solide, chinchar se fa amb cançons… Coneishem lo son ! Amb mon violon, aviái ensajat de jogar uns mots de la lenga trovada per François Sudre, lo solrésol. Una lenga musicala que se pòt tanbèn parlar amb una man - amb o sens farina - o se pintar (a cada nòta una color, pas solament la de farina). Mai auèi non sabi pas perque tant de gens daissan negar al flum lenga d'aici, lenga d'ailà, mès per un sila, qu'un empelatge !
Pastel, amic Pastel, se vòs pas negar dins l'intermalhum, daissa pas lo son, la man de Fasimila - amb mai d'argent que de farina, tanpòc la color, la tiena de cocanha au mens…

Seul résol ?
On connaît la musique, sûr !... Désormais, Pastel fait le vagabond au long des ruisseaux d'Internet. Il ne va pas se faire pêcher par trop de lecteurs et de lectrices peut-être…
Ça va faire comme qui fait ruisseau dans un violon… et même qui fait rime au même endroit… ou encore farine si vous préférez, avec ses mains de femme… Vous connaissez ce son-là !
Je le sais, moi qui, chaque semaine, offre aux fleuves d'Internet un arrangement d'images et de langues dites par des voix… Souvent je me dis qu'un de mes chevaucheurs de fleuve est perdu avant d'être bu par un gosier assoiffé ou au moins, une gorge restant sur sa beauté mais prête à goûter la nouveauté…
Une fois, j'ai harponné tout un peuple prêt à avaler. Sûr, parfois, on avale aussi les chansons… On connaît la musique ! Avec mon violon, j'avais essayé de jouer quelques mots de la langue inventée par François Sudre, le solrésol. Une langue musicale qui peut aussi se parler d'une main - enfarinée ou pas - ou se peindre (à chaque note une couleur, pas seulement celle de la farine). Aujourd'hui encore je ne sais pas pourquoi tant de gens laissent se perdre au fleuve langue de ci, langue de là mais pour un sila, quel engouement !
Pastel, mon ami Pastel, si tu ne veux pas te noyer dans l'Internet, ne laisse pas la musique, la main de Fasimila - plus d'argent que de farine, pas plus que la couleur, au moins la tienne, de cocagne…

Una musica redonda


compte-rendu par Alem Alquier

Palancas, création
Viatge en musicas e dansas entre Tolosa e Triana
Un spectacle d’Alem Surre-Garcia et Guillaume Lopez créé le samedi 2 février 2013 au COMDT



Guillaume Lopez et Maël Goldwaser
Le spectacle commence avec une présentation d’Alem Surre-Garcia ; il s’agit en fait d’un « avant-propos imagé », exposition de cousinage (ou de filiation ?) entre l’Andalousie et l’Occitanie, entre Séville et Toulouse, leur histoire, leurs personnalités notoires, leur architecture… jusqu’à la morphologie urbaine (le fleuve dessinant soit le quartier Triana soit le quartier Saint-Cyprien). Diaporama à l’appui, il s’attache à nomenclaturer les ressemblances frappantes, comme pour questionner une coïncidence traquée en amont, depuis des temps d’avant la Reconquista jusqu’à nos jours…

Transpòrts Tisnèr S.A., Joan Francés Tisnèr - chronique CD

Écoutez : c’est du bruit, des bruits, plutôt. Des déplacements de populations (humaines et animales), assorties d’un discours sifflé : c’est du Silbo Gomero, exprimé par David Diaz Reyes, ethnomusicologue, spécialiste de la chose.
Puis des « chansons de neuf » (ou de moins) se succèdent, avec de savants arrangements, de subtils mélanges de polyphonie vocale et de machines… le sample et la luette.
Joan Francés Tisnèr est passé maître dans la confection de chansons à accumulation : il n’hésite pas à répéter plusieurs fois de suite le même couplet, prétexte à poésie…
Cette accumulation est comme un élément obsessionnel de vocabulaire de l’album. Et J. F. Tisnèr utilise de riches jeux de combinaisons pour une œuvre tout aussi riche, remplie de sens… on en prend plein les oreilles ! Combinaisons littéraires ou mathématiques, combinaisons chorégraphiques (il utilise jusqu’à la codification complexe du saut béarnais) ou acoustiques, puisqu’il est question d’« octophonie » pour le spectacle éponyme.