Tous
les morceaux se dansent ! c’est la moindre des choses pour assumer ce nom
d’album… sous-titré en fin de livret « l’album des 10 ans ». Et comme
un achèvement symbolique (en l’occurrence une décennie) se doit d’être fêté, on
n’a pas lésiné sur les moyens : nous avons là un disque d’une haute tenue, avec
un foisonnement de participants, comme pour signifier une convivialité liée à
l’objet même de l’enregistrement : le bal. Joan-Francés Tisnèr, Xavier Vidal
(entre autres au trombone, mais oui !), les Baudoin, Éric Fraj, Guilhem
Cavaillé, Camille Raibaud (magnifique duo d’impro aux violons - trop court -
sur le titre 1 !)… et bien d’autres pas moins valeureux. Et tout ceci sans être
bavard…
Guillaume
Lopez rend enfin une belle autonomie à sa voix (comme si elle s’était libérée
d’une tradition trop longtemps enchaînée), de même qu’à sa créativité : joyeux mescladis
de rap, scat, beat-box… et la racine « Madier » n’est pas si loin ;
il nous livre un paquet d’envolées, qui d’après la photo du livret suscita une
garde à vue par la Brigada de la Regalada … La rencontre avec Tisnèr ou
avec Matèu Baudoin produit une belle complémentarité, toujours au niveau de la
voix, et l’hésitation entre une technique vocale ancestrale et une prise de
position « variétés » assumée donne, ma foi, un son assez inédit.
Rajoutons
son talent de plus en plus manifeste à la flûte traversière, « le seul instrument
avec lequel je suis fier de mon son »,
confie-t-il à Dominique Regef dans nos lignes…
Cyrille Brotto, quant à lui, reste fidèle à lui-même au diatonique, très
efficace dans une expression rythmique discrète, et inspiré comme toujours (La
Candèla…) ; l’exfiltré de Gadalzen nous régala en son temps de belles
compositions, il persiste.
Le fait de vouloir à tout prix jouer une
musique « fonctionnelle » est affirmé par un beau texte d’Éric Fraj
dans lequel le bal est « la recherche collective d’un destin, l’invention
d’une intrigue qui se noue à plusieurs… », en fait une manière de marteler
peut-être une position anti-académique (« le bal est un désordre » -
traduisant ici le mot rambalh, qui pour moi évoquerait plus l’idée d’un
vacarme), ne serait-ce que pour rencontrer des univers inattendus… une musique
qui se vivrait plus qu’elle ne s’écouterait…
Alem Alquier
Le bal Brotto-Lopez
L'autre distribution, 2012
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