compte-rendu par Alem Alquier
Palancas, création
Viatge en musicas e dansas entre
Tolosa e Triana
Un spectacle d’Alem Surre-Garcia et Guillaume
Lopez créé le samedi 2 février 2013 au COMDT
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Guillaume Lopez et Maël Goldwaser |
Seuls des enfants d’immigrés ibères (et
assimilés depuis si longtemps à la culture occitane) comme A. Surre-Garcia et
G. Lopez pouvaient produire un tel spectacle. C’est l’histoire d’une rencontre,
simple, très simple même, au point de n’être qu’un prétexte à une expression
pure de poésie, de musique et de danse 1. C’est l’histoire d’une passion
amoureuse, peut-être entre individus (incarnés tour à tour par Guillaume Lopez
et par le danseur Nicolas Bourdeix d’une part, et par la chanteuse-danseuse
Paloma Pradal et par le guitariste flamenco Maël Goldwaser d’autre part),
sûrement entre deux pays, deux cultures… Et comme dans toute histoire d’amour,
la narration est constituée de questionnements, de contiguïté, de
distanciations… On en retiendra une belle performance d’artistes : la jeune
Paloma Pradal danse peu, mais avec suffisamment de maturité et de couleur pour
captiver le spectateur. Son cante est affirmé 2, et sa voix vous fait
brusquement basculer dans l’irréel… Le (non moins jeune) Nicolas Bourdeix nous
démontre avec aisance que la danse occitane est tout à fait capable de sortir
des bals trad (ou du folklore endimanché) pour se retrouver sur scène, à livrer
une expression riche, sensuelle, inédite (les passages de danse en couple
comportent néanmoins des longueurs, mais il s’agit là de servir une
narration…). Le guitariste Maël Goldwaser fait montre de métier et d’un son
maîtrisé jusqu’à l’harmonique, et c’est d’autant plus remarquable que son
apprentissage (avec Vicente Pradal, le père de Paloma) est relativement récent.
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Guillaume Lopez et Nicolas Bourdeix |
Quant à Guillaume Lopez, comme à son habitude, il brille par ses multiples
talents : en premier lieu rassembleur d’autres talents, et bien sûr chanteur,
musicien, compositeur… Chaque nouveau spectacle, nouveau « concept »,
lui procure un supplément d’art.
Les « contiguïtés », les
« points communs » passent bien sûr par cette musique
« ronde » (et puisqu’on peut s’exprimer pour une fois en castillan et
en occitan confondus, una musica redonda…) parce que très souvent
ternaire : de la buleria à la bourrée il n’y a que quelques appuis
ténus.
Toutes ces « passerelles » sont comme
une évidence au final, que ce soit par les thèmes évoqués dans les textes
d’Alem Surre-Garcia, ou tout simplement dans l’allant général de ce spectacle,
qui nous enseigne une sorte d’universalité séculaire par-delà des Pyrénées…
chaîne montagneuse qui, assure A. Surre-Garcia depuis toujours, n’a de
frontière que le nom.
2 … et, pourrait-on dire, traditionnel, jusqu’à l’occlusion des voyelles finales si caractéristique en fin de vers : « Triana- a - ou »… ce phénomène me frappe toujours, peut-être parce que je n’y connais pas grand-chose en matière de flamenco, mais le son et la langue interpellent…