Vox Bigerri nous amène « Face aux soleils ». Vous
n’aurez pas besoin de crème protectrice mais d’une bonne paire d’enceintes.
Pour ce nouvel opus de Vox Bigerri, on peut sentir la
chaleur des voix et cette minéralité qui vous prend et ne vous lâche que
quelques temps après la dernière note. On met un certain moment avant de sortir
des sonorités brutes. C’est la signature de Vox.
Ici, plus question de balade au fil des lieux de l’île de
beauté ou en Bigorre (Adara) avec des
atmosphères très différentes, mais un enregistrement dans l’abbatiale Sainte
Foye de Conques (Aveyron), superbe édifice à l’acoustique qui invite au
recueillement. Le choix du lieu n’est pas innocent puisque le programme que
nous a préparé Vox est un programme sacré de polyphonies de transmission orale
d’Occitanie, de Corse et de Sardaigne.
Les pièces proposées sont toutes nouvelles à l’exception
toutefois de Montsegur, pièce
composée par Pascal Caumont sur un texte de René Nelli, qui figure dans
les deux enregistrements. Nous préfèrerons d’ailleurs ce dernier enregistrement
pour son homogénéité, sa couleur, bref une meilleure maîtrise de la pièce, ce
qui nous montre le chemin parcouru en deux années.
Pour les autres pièces, Vox nous accueille avec Alegria, superbe chant de réjouissance
chanté en vallée d’Ossau lors de mariages, dont le dernier couplet a été créé
par l’ensemble. Les autres pièces nous invitent au voyage en Corse, en
Sardaigne (ce qui n’est pas fait pour nous déplaire) et en Gascogne, sans
oublier un petit tour par le Rouergue avec un Salve Regina attribué aux moines d’Estaing vraiment très beau.
Petite réserve toutefois,
bien que n’étant pas spécialiste de la prononciation, sur la question des voyelles chantées, et
particulièrement sur ce Salve Regina,
qui parfois peuvent apparaître presque forcées.
Une pièce retient tout particulièrement notre attention. Il
s’agit de la Passion de Jèsu Crist. Ce chant a été collecté en
février 1883 à Escource par Félix Arnaudin. Incroyable échelle mélodique venue
d’ailleurs sur un bourdon. Une pépite !!! Elle vous prend aux tripes, vous
transmet le drame en direct. Vous prenez un uppercut dont vous sortez hébété,
hagard.
Ainsi, Vox Bigerri s’affirme comme un groupe sans cesse en
recherche, en création pour nous faire vivre la polyphonie traditionnelle mais
aussi une musique vocale aux sonorités contemporaines. Ce disque nous paraît
important dans la discographie du groupe et nous donne envie d’une suite.
Cap aus sorelhs
Vox Bigerri
Le Fil, 2013
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